Du temps au potager pour un moral toujours au beau fixe | RONCHIN |
Une
quarantaine de jardiniers cultivent leur parcelle au pied de
l'autoroute, à l'entrée de la ville. Pour beaucoup c'est un loisir,
pour d'autres une obligation. Bienvenue dans ces coins de nature qui
font aussi pousser les liens humains et les souvenirs.
«
Vous
aimez les fèves ? Tenez, prenez aussi des oignons, vous mettez le tout
dans un couscoussier avec une tomate et, quand on se reverra, vous m'en
direz des nouvelles ! ». Aïssa est à la fois jardinier, cuisinier
et thaumaturge. Sur sa parcelle de 200 m², le retraité de 64 ans fait
pousser les quatre saisons à foison. Les fines herbes raffolent de ses
bordures. La coriandre, pourtant peu amène dans les contrées
septentrionales, étale à son aise ses vertes feuilles. Ses voisins :
des navets blancs en forme de carottes.
Ici, on révise sa biodiversité. On met les mains dans la terre.
Un bienfait pour Aïssa qui y descend «
deux à trois fois par semaine » de son appartement lillois. «
Tous les jours, au moins une heure », pour ce père de famille, deux parcelles plus loin. «
Je travaille dans le nettoyage, je commence tôt, alors en été, je passe tous mes après-midis ici ». Indispensable pour donner ces légumes «
plus naturels» à ses quatre enfants. La semaine, il bêche, il bine, il sème puis il
récolte. « J'aime bien le jardinage, même si c'est une contrainte. On
peut cultiver pour seulement 30 E par an, ce serait dommage de ne pas
en profiter », souffle le papa.
La parcelle est le poumon vert de la famille. «
Aujourd'hui, on a fait un barbecue, avec un sandwich à la merguez», se régale Mohammed, 6 ans. C'était la première fois que la famille
prenait ses aises au jardin, un jour férié. En fin d'après-midi, les
parents, la belle-mère, les enfants, tout le monde a mis la main à la
cueillette des petits pois. La maman insiste : pas question de repartir
sans les salades. La convivialité est aussi une culture maison.
Un peu plus loin, Marie-Line fait visiter son coin de terre à Évelyne,
une amie. Cette dernière s'extasie : les lignes de plants de tomates
sont impeccables. pas une mauvaise herbe. «
J'y ai passé la matinée avec mon père », confie la jardinière de 46 ans.
Quand Marie-Line se rend sur sa parcelle, c'est un peu comme si elle partait en pèlerinage. «
Mon mari aimait cet endroit, il adorait jardiner. Jean-Pierre n'en a profité qu'un an, car il est décédé il y a deux ans », confie la jeune veuve. «
Pour lui, je continue à l'entretenir du mieux que je peux. » Pas facile quand on travaille et qu'on vit seule. «
Je ne cultive plus de pommes de terre, ou de carottes, trop d'entretien. » Marie-Line a adapté ses semis à sa situation familiale. «
J'ai planté des tomates, des haricots : je n'ai qu'à me baisser pour les récolter». Les petits pois, elle en donne des paniers entiers à ses amis, en
congèle pour ses enfants. Et pour la génération d'après, elle vient
d'installer un salon de jardin, près du cabanon. En espérant, cette
année, ne pas être vandalisée : «
En 2007, ils avaient cassé la serre qu'avait construite Jean-Pierre. Maintenant, j'y ai mis des fleurs». Quand il fait beau, Marie-Line s'assoit dans son jardin et regarde
pousser les glaïeuls. Ils fleuriront bientôt la tombe de Jean-Pierre
dont l'esprit plane toujours sur le jardin. •
PAR MARIE VANDEKERKHOVE
villeneuvedascq@lavoixdunord.fr PHOTOS LA VOIX
vendredi 18.07.2008, 05:01 - La Voix du Nord
Des histoires simples.
Des drames aussi.
Le jardinage devient de plus en plus une nécessité économique..
Un besoin de naturel pour d'autres.
Un hobby passionnant pour la plupart. d'entre nous.
Le premier loisir pratiqué par nos concitoyen.
ça se passe comme çà du coté de l'autoroute.
Bienvenue Chez les Ch'tis..
W.S.